Rares sont les créateurs qui nous donnent accès à leurs pensées autrement que par leurs œuvres. Encore faut-il bien les interpréter et les comprendre. Pourtant, quand il leur arrive d’en parler, nous restons quelque peu incrédules, partant du principe que le processus de création est un élan fou, c’est-à-dire déraisonné. Les propos nous semblent alors choisis dans le but de nous faire voir l’auteur tel qu’il veut nous apparaître.
Un fait est certain : si l’artiste ment, il ne le fait pas avec les intentions d’un politicien, ni celles de l’enfant qui ne veut pas avouer sa faute. En vérité, un artiste qui parle de sa création nous dit des choses tellement intimes qu’il nous est difficile, impossible même, d’en déterminer la véracité. Il faut alors écouter, faire confiance et apprendre.
Marcella Maltais est peintre. Entre 1968 et 1991, elle a consigné des remarques, des opinions et des propositions que rééditent les Écrits des Hautes-Terres et que présente Jean-Noël Tremblay. Ces propos n’expliquent pas son œuvre, « la peinture a son propre langage », rappelle-t-elle. Ils ne la justifient pas non plus. Ils ne peuvent et ne doivent être pris que pour ce qu’ils sont. Ils nous parlent de vérité, de nature, de réalisme, d’abstraction, autant de notions que l’on définit sans cesse et qui demeurent malgré tout nébuleuses. Ils parlent aussi de moments de l’histoire, de personnalités ayant marqué cette histoire. Ils ont donc valeur de témoignages d’une époque importante de la vie artistique au Québec, une époque où la peinture a choisi de se démarquer des valeurs traditionnelles.
Mensonges ou vérités, ces écrits sont incontestablement ceux d’une femme mature, articulée, réfléchie, mais passionnée. Ce sont des propos d’artiste que ces Notes d’atelier ; ils auront incontestablement une grande portée.