Une dizaine d’années après Va où ton cœur te porte, Susanna Tamaro en présente la suite, Écoute ma voix. Avec un tirage de cinq millions d’exemplaires, le best-seller Va où ton cœur te porte a été le plus grand succès de l’édition italienne du siècle dernier, dit-on. La réalisatrice Cristina Comencini en a tiré un film en 1995, fraîchement accueilli par la critique.
Dans Écoute ma voix, on assiste à la lente découverte des racines identitaires de la rebelle Elena, petite-fille d’Olga, l’héroïne du premier roman. La narratrice de 22 ans est plus d’une fois confrontée à des retrouvailles familiales suivies de tristes adieux – ou de morts – et de quelques heureuses réconciliations. « Une porte s’ouvre et je me retrouve face à mon père. » Autobiographique, le livre se déroule à Trieste puis en Israël. « Ton univers, celui avec lequel tu avais grandi, la bourgeoisie hébraïque », dit-elle à sa grand-mère.
Susanna Tamaro est née en effet dans cette ville du nord de l’Italie, en bordure de la Slovénie. L’auteure est parente avec Italo Svevo, célèbre écrivain italo-juif sous l’empire austro-hongrois, élève de James Joyce à l’école Berlitz de Trieste.
Un style direct, des phrases courtes, des descriptions et des émotions fortes, des personnages attachants composent la recette des romans populaires de Susanna Tamaro. « Mais l’odeur qui m’a assaillie a été celle des feuilles mouillées qui n’arrivent pas à brûler. »
Âgée de 50 ans, l’écrivaine explore des thèmes importants : la montée du féminisme des années 1970, l’abandon trop souvent banalisé du père qui s’enfuit, le suicide, le pardon. Elle parle du déclin d’Olga, atteinte de la pénible maladie d’Alzheimer : « Jour après jour, ta mémoire s’effondrait comme le grenier d’une maison inhabitée ».
Tamaro jouit d’un prestige unique en son pays, avec une quinzaine de livres traduits en 43 langues et de nombreux prix littéraires. Diplômée du Centro Sperimentale di Roma, l’auteure tâte elle-même de la caméra en 2004 avec le film Nel mio amore, tiré d’une de ses nouvelles. Encore là, les critiques n’ont pas suivi.