Objet un peu baroque et surprenant, le dernier ouvrage de l’essayiste, poète et romancier Marc Vaillancourt, La cour des contes, est un recueil contenant quatre récits, dont trois plutôt brefs et un dernier plus élaboré. L’étrangeté, le fantomatique, voire la fantasmagorie sont au rendez-vous dans ces contes nouveau genre aux sujets inédits ; sont également présents des thèmes liés au religieux, à la rédemption, à la mort, à l’éternité. Ainsi, le premier récit propose l’histoire de Monelle qui, soudainement éprise de mysticisme, quitte sa vie montréalaise pour gagner la campagne dans une sorte de pèlerinage, et qui, en bout de parcours, exprime le désir de joindre l’ordre des Carmélites. Le second récit relate quant à lui le périple d’un homme renvoyé sur terre après sa mort, cela afin de racheter une existence jugée mauvaise par saint Pierre. « In extremis », suivant le titre, Xavier Moineau parvient alors à gagner son ciel. Le troisième récit propose l’histoire d’un personnage qui entre en contact avec le fantôme d’un Chinois venu du VIII^e siècle pour lui demander son aide, afin d’accomplir une mission tout à fait abracadabrante consistant à libérer une collection de figurines ancestrales demeurée enfermée dans la résidence d’un marchand d’art. Dans un autre registre, le dernier conte, qui par ailleurs occupe la moitié du livre, se déroule dans l’Antiquité romaine, et s’apparente à un long délire autour du poète latin Sénèque et de l’empereur Néron. Dans ce récit principalement, l’auteur utilise énormément de latinismes, parfois même quelques éléments de grec ancien. Avis aux intéressés, l’épilogue du recueil, « Issue », est d’ailleurs entièrement écrit en latin. Dans l’ensemble des quatre textes, le lecteur a droit à une prose ludique et dense, souvent truffée de passages érudits, une prose dans laquelle s’insèrent même quelques digressions aux accents polémistes qui prouvent qu’« [e]n littérature, la colère est bonne conseillère ». En somme, La cour des contes se présente comme un ouvrage complexe et achevé.