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CORPUS CHRISTINE
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Corpus Christine, un premier roman écrit par une jeune femme de 25 ans, impressionne. Par la maîtrise de la composition, par la force de l’écriture, par le thème (qui, bien qu’il rappelle – au début – le film Misery, reste tout à fait original). C’est noir, c’est cruel, c’est puissant.
Un homme perd l’usage de ses jambes après un accident. « Incapable de me tenir en position verticale, ne serait-ce qu’un instant, ne serait-ce que courbé, vivre m’était devenu un combat constant contre l’organisation pratique d’un monde conçu pour l’homme debout. » Et lorsqu’il dit « combat », il faut le comprendre littéralement : non seulement n’obtient-il aucune aide, mais tout est pensé pour qu’il se sente encore plus impuissant. Séquestré par sa femme (qu’il rencontre, par hasard, une ou deux fois pendant les premiers trois ans), isolé dans sa chambre, il passe son temps à planifier la façon de s’emparer d’un peu de nourriture, à ramper sur le sol lorsque « la sale garce » est absente, à se souvenir de ce qu’a été sa (et leur) vie, à détester. À se demander, surtout, quel est le motif d’un tel comportement de la part de celle qu’il a follement aimée.
Qu’est-ce qui est plus difficile : être enfermé et tenu hors du monde réel, être haï sans savoir pourquoi ou recevoir de temps à autre des messages de sa femme disant, par exemple, « ta mère ne va pas tarder à crever dans le sang de ton père » ?
Comme il se doit, c’est dans les toutes dernières pages que viendra l’explication des agissements de l’épouse. Malgré quelques remarques allant dans ce sens, la fin étonne, provoque une relecture, la recherche d’une clé… Cela, non parce qu’il y a quelque chose d’illogique ou de vague dans l’écriture, mais parce que de tels développements sont (heureusement) loin de la vie de la plupart d’entre nous.
Si l’on est surpris par la fin, on l’est toutefois moins d’apprendre que Corpus Christine vient de remporter le prix du Premier roman de 2006. Car, oui, c’est noir, c’est brutal, mais tellement puissant !