Tirée d’un roman de Nancy Huston portant le même titre, cette adaptation théâtrale respecte, en bonne partie, la chronologie ainsi que la narration du livre initial. Ce sera dans les longues indications scéniques que l’on retrouvera le travail de création propre à Lorraine Pintal. Il s’agit en fait du « re-montage » d’une œuvre littéraire qui deviendra un objet culturel spécifique, mais non situé à grande distance de l’original.
Et de quoi parle ce curieux objet littéraire ? Surtout des forces inertielles qui gouvernent notre existence, en nous empêchant d’avancer ; c’est d’ailleurs l’un des nombreux thèmes de l’œuvre de Nancy Huston : l’être humain est enchaîné à quelque chose qu’il ne peut pas identifier ni dépasser. Dans ce texte, nous sommes sur les lieux mêmes d’un procès qui établira qui est l’auteur du meurtre du célèbre comédien, écrivain et penseur Cosmo, supposément aimé de tous… Le public est, à la fois, juge et jury et l’auteur sera présent comme personnage, d’une façon qui évoque la pesanteur d’un narrateur-dieu.
Tous les gens ayant connu Cosmo de près ou de loin défilent et témoignent devant cet auteur omnipotent et un public qui voit tout… C’est un « mal de vivre » – sinon l’horreur…- peu commun qui ressort de tout cela, un désespoir quasi exemplaire, héroïque malgré l’appel à une certaine beauté du monde.