On retrouve dans Innocent une recette chère à Harlan Coben : chaque action entraîne une répercussion inattendue qui désarçonne le héros, comme le lecteur. L’écheveau se construit peu à peu, à première vue de manière abusivement complexe, pour exploser en de nombreuses pistes que l’on explorera une à une, avant d’en débusquer une nouvelle – la bonne -, plus déconcertante encore que les précédentes.
Matt Hunter vit avec la culpabilité. Celle d’avoir tué accidentellement un jeune homme, treize ans plus tôt. Sa vie, auprès d’une femme dont il est amoureux et qui attend leur premier enfant, a désormais toutes les apparences d’une vie paisible et rangée. Jusqu’au jour où il reçoit, sur son portable, une vidéo de sa femme dans les bras d’un autre homme. « […] vous apprenez que votre ravissante épouse est enceinte. Vous décidez alors d’acheter des téléphones portables avec la fonction appareil photo, pour rester en contact permanent. Pendant que vous êtes au travail, le portable sonne. Votre nom est Matt Hunter. Le portable sonne encore une fois. Et vous répondez… »
Le choc, l’incompréhension, la fureur. Puis le désir irrépressible de savoir, de comprendre. Ce que Matt ignore encore, c’est que le cauchemar ne fait que commencer. Meurtres, disparitions, mensonges… Harlan Coben a un talent fou pour terminer ses chapitres, si bien que le lecteur, empressé, est lui aussi irrémédiablement pris au piège d’une effarante série de rebondissements. Tant par l’intrigue, compliquée mais savamment orchestrée, que par le style, presque lapidaire par moments mais extrêmement bien travaillé, Innocent est un excellent polar à suspens, à conseiller sans partage aux amateurs du genre… et aux autres !