Alain Dubuc est actif dans les médias écrits depuis plus de 25 ans. Il a été président et éditeur du Soleil de Québec, et il est maintenant chroniqueur à La Presse de Montréal. Selon lui, « le Québec est pauvre » et stagne avec un niveau de vie parmi « les plus bas en Amérique du Nord ». Ce portrait dramatique, mais pas désespéré, est au cœur d’Éloge de la richesse, publié chez Voix parallèles.
Élevé au rang de parole messianique par certains et dénoncé par d’autres, l’essai, au-delà des formules-chocs, laisse perplexe, voire indifférent. En effet, l’auteur, qui est pourtant un journaliste expérimenté, n’arrive pas, même dans les 100 premières pages, à captiver le plus avide des lecteurs. Le texte n’est pas aride – au contraire – mais les 50 premières pages sont truffées d’explications et de justifications sur les apparentes contradictions des multiples tableaux et références statistiques (à la page 19, par exemple, Dubuc s’excuse de la complexité de la situation). De plus, comme la plupart des auteurs, Alain Dubuc a un lecteur plus ou moins précis en tête à qui il veut expliquer, démontrer et justifier sa position. C’est là que le bât blesse, car l’essayiste prêche aux convertis et rend ainsi l’effort inutile et vain. En effet, pourquoi rédiger un tel essai – aussi recherché ou provocateur soit-il – si le lectorat cible adhère déjà à la thèse proposée ? Éloge de la richesse, après avoir comparé le Québec à l’Ontario, au Canada, au Tiers-Monde, à la Virginie occidentale, aux États-Unis, à l’Europe, démontre que, d’une certaine manière, l’Irlande devance le Québec
Si l’auteur veut vraiment nous redonner « une maison dans le Maine », nous permettre de « préserver nos acquis », nous aider à « renverser le scénario catastrophe qui nous attend », nous prévenir des choix difficiles « pour ne pas reculer et pour ne pas perdre une partie de ce que nous avons » , peut-être devrait-il définir ce « nous » au nom duquel il parle et dont les acquis sont en danger ? Qui est ce « nous » dont les acquis sont suffisamment importants pour en craindre la perte ? Alain Dubuc, en négligeant d’adapter son contenu pour ses détracteurs, donne finalement un coup d’épée dans l’eau. Éloge de la richesse souffre, au fond, d’une présentation un peu gauche