Certains trouveront… scandaleux qu’on cherche ou qu’on trouve des scandales dans la Bible. D’autres ne seront nullement surpris et jugeront d’ailleurs qu’on ne mettra jamais ceux-ci assez en évidence.
De fait, les « scandales » de la Bible sont nombreux. Que penser, par exemple, de cet appel au génocide donné par Dieu à Moïse (Dt 20, 16-17) : « Lorsqu’il s’agira des cités de ceux des peuples que Yhwh ton Dieu te donne en héritage, tu n’y laisseras pas subsister âme qui vive. Oui ! Hittites, Amorites, Cananéens, Perizzites, Hiwwites, Jébusites, tous tu les voueras à l’extermination, ainsi que te l’as ordonné Yhwh ton Dieu » ?
Certes, il s’agit là de l’Ancien Testament, mais le Nouveau Testament n’est pas exempt de problématiques non plus. Que voulait dire saint Paul (Ep 5, 21-22) lorsqu’il a écrit : « Soyez soumis les uns aux autres dans la crainte du Christ. Les femmes à leur mari, comme au Seigneur, car l’homme est la tête de la femme comme le Christ est la tête de l’Assemblée, lui le sauveur du corps, et comme l’Assemblée est soumise au Christ, les femmes à leur mari en tout » ?
Jean-Pierre Prévost est exégète. Son ouvrage se présente comme un inventaire exhaustif des sources de « scandales » de la Bible, aussi bien chez les hommes (guerres, tromperies, viols chez les « héros bibliques en délinquance ») que chez Dieu lui-même (vindicatif, jaloux, patriarcal, violent).
Toutefois, on ne saurait lire la Bible comme on lit un pamphlet : c’est un ouvrage écrit il y a des siècles, dans une culture très différente de la nôtre, et surtout par des auteurs très variés eux-mêmes répartis sur plusieurs siècles. Aussi, pour l’auteur, ces « scandales » sont-ils d’abord des questions qui appellent un dialogue toujours à refaire. Ainsi, Jean-Pierre Prévost fait plusieurs incursions dans les interprétations historiques de ces passages troublants et n’hésite pas à nous faire part de ses propres appréciations, mais il donne manifestement la priorité à une approche descriptive, au point d’ailleurs qu’on a parfois l’impression de rater une bonne occasion de pousser plus loin la réflexion. Il n’empêche que nous avons là un ouvrage signé par un homme qui connaît parfaitement sa matière et qui sait en rendre compte avec clarté et en connaissance de cause.