Regroupant une douzaine de ses articles parus entre 2000 et 2004 dans des revues savantes, Paul Veyne « espère suggérer, à coup d’aperçus partiels, une vision d’ensemble qui ne soit pas trop incomplète de l’Empire gréco-romain ».Évocation en pièces détachées donc des grandes assises intellectuelles et des lignes de force politique d’un empire qui allait profondément marquer la culture de l’Occident jusqu’à nos jours. D’un double empire, pourrait-on dire, puisque Paul Veyne refuse de dissocier les mondes grec et romain. « L’Occident latin était grec de la même manière que le Japon actuel est un pays occidental.»
Toutefois, pour arriver à cette « vue d’ensemble pas trop incomplète», il faudra que le lecteur se départisse de son cadre de référence habituel et adopte quelques nouveaux concepts (« évergétisme », « agrimenseur », « dirimante », etc.). Mais, même en recourant à un vocabulaire spécialisé, Paul Veyne a le constant souci d’être compris de ses lecteurs, d’où le recours quasi systématique à la comparaison avec notre époque ou avec celles de l’Ancien Régime.
Les questions qu’il aborde portent, entre autres, sur l’organisation et la répartition du pouvoir politique, les rapports entre les différentes classes sociales, la portée de l’art ou encore l’importance du culte dans la vie des gens de l’époque.
Signalons en terminant un petit agacement. L’auteur cède ici et là à la manie française de truffer les discours de termes anglais incongrus. Ces emprunts sont ici parfaitement inutiles et injustifiés. Mais ce n’est qu’une broutille au vu de la somme de connaissances que nous apporte L’empire gréco-romain.