Voilà un petit livre qui aborde sur un ton intéressant des thèmes vieux comme le monde. Non pas qu’Éros et Thanatos, couple pour le moins ambivalent, n’aient jamais été évoqués dans nombre d’essais, mais Patrick Süskind les convie ici avec un brin d’impudence.
Mais qu’est-ce que l’amour ? Poison ? maladie ? bonheur suprême ? Plus probablement un agrégat de sentiments, de paradoxes et de narcissisme. Et plus sûrement encore, un autel sur lequel l’amoureux n’hésite pas à sacrifier tout ce qui, pour lui, avait de la valeur avant la venue de l’être aimé. « Il n’est pas rare que se rompent ainsi de vieilles amitiés et des relations solides. L’amoureux n’en a cure. Il est prêt à renoncer à tout sauf à son adoration pour l’être aimé, à laquelle tout son entourage est prié de sacrifier également. »
Philosophie, religion, musique, roman, poésie, quel itinéraire ambitieux pour une plaquette de quatre-vingts pages ! Mais on pardonne, car c’est avec un regard amusé que Patrick Süskind scrute les amoureux et qu’il revisite les grands auteurs et leurs personnages célèbres : Stendhal, Wilde, Goethe, Kleist, Socrate, Wagner et même Jésus sont du nombre. Amour bêtifiant, amour meurtrier, mourir d’amour De l’intime au social, de l’humain au divin, Süskind effleure des sujets fort intéressants mais, sur des sujets aussi vastes que l’amour et la mort, on aurait souhaité un essai plus consistant, dépassant la compilation qui, certes, fait foi de l’érudition de l’auteur mais laisse le lecteur sur son appétit. Tout compte fait, Sur l’amour et la mort tire son intérêt du regard amusé que son auteur pose sur le plus vieux couple du monde et de son talent de romancier qui, une fois encore, séduit. Une lecture apéritive !