À l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de leur association, les artistes de l’Atelier d’estampe Presse Papier de Trois-Rivières ont chacun associé une de leurs œuvres à un texte poétique publié aux Écrits des Forges. Et cela, sous la forme d’un « abécédaire ». Le résultat est, on peut le deviner, assez surprenant.
L’alphabet est ainsi revisité de manière fort originale et très critique – comme le souligne le poète Jean-Paul Daoust – de toutes nos pauvres bêtises par la créativité, l’innovation. Nous sommes ici sans conteste devant un « livre d’artistes » grâce à la symbiose entre la poésie et l’art visuel.
Cette parenté, ce jumelage entre deux formes d’art, donne à cet « album-recueil » une réelle originalité. En effet, que ce soit Yves Boisvert et Louise Lavoie Maheux avec le « A » d’ « Anodin » ou Jean-Paul Daoust et Jo Ann Lanneville avec le « B » de « Bêtise », ce sont les travers, les « ombres tueuses » de notre condition humaine qui sont passés en revue, comme nous y a d’ailleurs habitués la tradition poétique qui caractérise les Écrits des Forges : tout ce qui nous enferme dans la fausseté, nous « emmaillote » dans l’obscurité de l’existence est mis au jour. Mais il y a, aussi, le déploiement de la lumière, de la liberté qui nous fait respirer sur notre étrange planète : à la lettre « D », Jean-Marc Desgent et Isabelle Dumais nous offrent un texte de prose poétique absolument magnifique. Nous y distinguons un ange déployant sa luminosité sur notre monde, une possible résurrection de notre être, selon le poète Guy Jean Pour tout dire, l’art trouve dans ce beau recueil sa véritable vocation : celle de nous faire advenir au monde.