Rien ne va plus dans la Rome impériale de Tibère depuis que le corps d’une vestale a été découvert violé et sans vie. La sécurité des habitants de la cité est en jeu puisque les prêtresses de la déesse Vesta ont pour charge de préserver le feu sacré nécessaire à l’accomplissement des rites domestiques. La situation ne faisant qu’empirer – une seconde vestale connaît le sort de la première, des marins égyptiens proclament la mort du dieu Pan, des créatures « ressemblant aux Stryges et aux Lémures » parcourent les rues de Rome la nuit, y semant la terreur -, Tibère ordonne au flamine de Jupiter, Lucius Flaminius Petronius, de s’occuper de l’affaire. Procédant par étapes, à la manière d’un détective, le prêtre est rapidement placé devant une situation où s’entremêlent superstitions et anomalies : un complot serait-il ourdi contre la personne même de Tibère ?
Voilà la trame du roman La vestale assassinée, polar dont l’intrigue pourrait certes se dérouler à peu près à n’importe quel siècle et en tout lieu, les procédés du roman policier y étant appliqués à la lettre. Cela dit, le contexte de la Rome impériale donne au récit un cachet exotique : le lecteur a l’occasion de visiter les quartiers luxueux ou ternes de Rome aux côtés du prêtre-détective, mais aussi d’explorer certains lieux interdits de Rome – par exemple, la Maison des Vestales – et d’assister aux Mystères secrets d’Isis. Les mSurs romaines sont décrites avec un grand souci du détail et moult repères historiques tracent les contours d’une Antiquité somme toute méconnue. Évidemment, le lecteur en mal d’érudition s’avouera probablement déçu, les éléments sociohistoriques évoqués ici demeurant au service du récit.
Situé dans un contexte et à une époque passablement éloignés du lecteur moderne, le roman La vestale assassinée n’en demeure pas moins d’une actualité surprenante : Lucius fait face à un multiculturalisme coloré, lui qui rencontre au cours de son enquête des prêtres appartenant à divers cultes et religions ; des questionnements philosophiques – notamment à propos de la possibilité pour un dieu de mourir – rendent compte de réflexions contemporaines ; en outre, un processus de désacralisation opère dans le roman, produit de la postmodernité. Lecture légère, bien sûr, mais qui donne à réfléchir et à voyager par l’imagination. NB