Il y a des thèmes en littérature qui sont difficiles à aborder sans risquer de sombrer dans le déjà-vu. À cet égard, le roman de Marie-Chantale Gariépy, Sparadrap, est bâtisur le plus périlleux de ces thèmes : le suicide.
Loin d’éviter le piège, l’auteure y plonge tête première : l’histoire de Fugue Malrot, jeune orpheline, est celle de tous les pauvres enfants de toutes les œuvres exagérément dramatiques. Cette femme dans la vingtaine relate les vaines tentatives de suicide qu’elle multiplie depuis l’âge d’un an et demi. Elle est rapidement transférée dans un asile où un psychiatre tentera de lui insuffler le désir de vivre. Entêtée, elle servira à ce dernier des réponses plus clichées les unes que les autres sur son droit de mourir quand elle le décide. Aucun lecteur ne saurait être attendri par le récit tant l’excès de dramatisation et de sensiblerie irrite.
L’écriture de Marie-Chantale Gariépy démontre un talent certain, mais est inégale. De longs passages métaphoriques et poétiques surgissent parfois au milieu d’un style plutôt terre à terre, souvent maladroit. Des répétitions inutiles, des cascades de subordonnées, des changements trop rapides et incohérents de narrateurs : le roman aurait visiblement eu besoin d’une révision méthodique et approfondie.
Sparadrap explore d’intéressantes avenues, dont l’impossibilité de se suicider dans une société pour laquelle sauver les gens est plus important que le choix personnel de mourir, ou l’importance du toucher, de la caresse pour chaque être humain. Cependant, l’auteure ne frôle que la surface de ces thèmes et saute sur plusieurs autres moins dignes d’intérêt.
L’éditeur de ce roman aurait mieux fait de proposer à Marie-Chantale Gariépy une démarche sérieuse de réécriture avant de publier son tout premier roman. Espérons que la prochaine œuvre sera digne de son talent, qui, malgré tout, perce dans certaines pages de Sparadrap.