Après une jeunesse ubuesque, René Daumal lança, avec quelques amis dont Roger Gilbert-Lecomte, la revue Grand Jeu qui suivait une voie parallèle au surréalisme d’André Breton. La revue ne connut que trois numéros ; mais Daumal poursuivit ses recherches du côté de la métaphysique orientale, oscillant un moment entre la dialectique de Hegel et le non-dualisme de Shankara, puis s’engagea ouvertement sur la voie exigeante du philosophe hindou, consacrant tous ses efforts à approfondir la relation entre l’individualité et l’absolu.
Les poèmes écrits à cette époque reflètent sa lutte héroïque contre le dualisme de la philosophie occidentale et ses tentatives pour atteindre l’éveil définitif que propose le Vedanta hindou. Il meurt malheureusement à l’âge de 36 ans, laissant beaucoup de projets inachevés. C’est le périple de cette courte vie que tente de retracer consciencieusement le livre de Roger Marcaurelle. Les poèmes de Daumal y sont analysés minutieusement : les mêmes thèmes reviennent inlassablement et les répétitions de l’exégète finissent parfois par éclipser la beauté formelle des œuvres citées. Le livre permet avant tout la découverte d’un auteur dont les exigences s’élevaient bien au-dessus de la complaisance littéraire, vers la cime d’une quête spirituelle rare et austère. À recommander en particulier aux lecteurs que la recherche métaphysique intéresse.