Diplômée de l’École nationale de théâtre du Canada en 1994, Dominick Parenteau-Lebeuf a déjà une vingtaine de textes à son actif. Entre autres connue pour sa pièce Dévoilement devant notaire et ses personnages complexes et troublés, elle propose encore une fois une œuvre noire, déchirante. Soulignons que l’histoire est inspirée d’un événement qui a ébranlé la Grande-Bretagne en 1993 : deux garçons enlèvent, torturent et tuent un bambin de deux ans ; neuf ans plus tard, les jeunes meurtriers sont libérés sous de nouvelles identités.
Dans La petite scrap évoluent Minnie Tempête, une étrange adolescente, ainsi que Ludovic et Jacob, tous deux âgés de dix-neuf ans. Les jeunes hommes, mystérieux et tourmentés, sont en quête d’une forme de réparation pour une faute commise dans le passé. Hanté par cette douleur et fasciné par la vie des martyrs, Jacob désire se racheter en devenant exemplaire. Pour lui, la voie de la rédemption est celle de la souffrance. « Vous demandez réparation, je vous donne réparation. Celui qui est mort est mort, mais celui qui l’a supplicié le sera aussi. » Ludovic, pour sa part, souhaite réparer les erreurs du passé par la voie de la beauté et de la lumière. Couturier, il désire se réconcilier avec l’enfance en créant de magnifiques robes de baptême pour bébés. « Je veux reprendre un jour un enfant dans mes bras. Un enfant qu’une mère m’aura tendu de son plein gré. Et que je lui rendrai, auréolé de lumière. » Chacun à sa manière – l’un en donnant la mort, l’autre en donnant la vie -Jacob et Ludovic verront leur faute expiée.
Très dense, étoffée de références religieuses et de citations chrétiennes, La petite scrap de Dominick Parenteau-Lebeuf constitue une fable à la fois dure et touchante sur le thème de la réparation. Toutefois, trop d’histoires s’entremêlent dans ce texte, ce qui nuit à mon avis au propos. Victime d’un amour irrationnel et torturée par la perte tragique de son bébé, Minnie possède une destinée qu’il est intéressant de lier à celle des deux jeunes hommes. Les irruptions excessives et souvent grotesques des parents de l’adolescente desservent cependant la pièce, en s’avérant en bout de parcours absurdes et, somme toute, superflues.