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PABLO NERUDA
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Pablo Neruda déclamant ses vers sur un site minier du Chili et les innombrables mineurs illettrés de se découvrir comme un seul homme pour entendre la voix libératrice. L’image n’égale pas la force d’évocation du poète. Ses amis français lui consacrent une réédition, tandis que son peuple, celui qui ne sait pas lire, chantonne ses vers sans savoir de qui ils sont. Hommage suprême.
Dans leurs présentations respectives, Jean Marcenac explique le poète, tandis que Claude Couffon se penche sur son œuvre. Le poète et l’œuvre étant intimement liés, les deux traducteurs ont intégré ses poèmes dans leur texte. Le procédé se révèle efficace. Surtout pour ceux qui, comme moi, regardent d’un mauvais œil la poésie traduite. Ces bribes par lesquelles seules on peut comprendre Neruda, mettent le lecteur en appétit. Ensuite, il dévore les présentations liminaires pour plonger au plus vite dans l’anthologie des dernières pages.
La genèse du poète est indissociable de celle du Chili. Neruda se réclame de ses ancêtres Araucans, de modestes sauvages, « parce que le drame d’un peuple massacré, spolié, anéanti et luttant contre la mort est l’image la plus nue, la plus dépouillée, l’image essentielle de la lutte de tous les hommes pour la liberté et l’indépendance nationale ». Difficile de ne pas reconnaître dans ce grand poète celui de chez nous, Gaston Miron, qui écrivait : « Mon nom est Frog. Mon nom est Damned Canuck. Mon nom est dish washer. Mon nom est floor sweeper ». Pour des raisons moins évidentes, les auteurs le rapprochent de Paul Éluard. Sans doute parce qu’ils militèrent tous deux au sein du Parti communiste…
Une écriture généreuse caractérise ce livre atypique qui se situe à mi-chemin entre étude, hommage et anthologie. Le texte transpire l’amitié, des auteurs pour le poète, mais surtout, celle qui émane du profond humanisme de Pablo Neruda. Inégal, mais toujours honnête, l’ouvrage s’avère une excellente initiation à la poésie latino-américaine dont le Nobel chilien est sans conteste la figure de proue.