Cette anthologie d’une centaine de poèmes datant pour la plupart des quinze dernières années est une véritable révélation. Des poètes de grand talent emploient des images qui inspirent, référant à la mer, à la nature, à l’amour, à la vie intérieure et même à la neige. Quelques mots inusités en poésie apparaissent parfois dans certains poèmes récents, comme « mondialisation », « cure de désintoxication ». Mais laissons les écrivains s’exprimer, en commençant par quelques vers libres d’un auteur déjà consacré en Islande, Jón frá Pálmholti, tirés d’« Un poème pour toi » : « Tu es le temps / et la poésie de la poésie / t’apporte des nouvelles incertaines // Le temps n’existe qu’en toi / et tu es son écho ». Plus graves sont ces vers sans ponctuation du dramaturge À;rni Ibsen, intitulés « À l’asile » : « [E]ntre ces / murs // personne ne craint / la mort // c’est la vie / qui fait peur ».
On appréciera aussi de beaux poèmes en prose, dont ce très sensible passage du « Spleen de Reykjavík » de Jóhann Hjálmarsson, à propos d’un certain livre évoqué et inaccessible, aperçu en vitrine, « que je n’ai pas lu et jamais trouvé mais qui, maintenant, me rappelle ». Ailleurs, un « Rêve », poème onirique chargé de références mythologiques à Odin, de Vilborg Dagbjartsdóttir. « Il s’est arrêté net, il a brusquement détourné la tête, et, par-dessous le bord de son chapeau, on pouvait entrevoir son œil embrasé de désir. »
On savait riche la littérature de l’Islande, mais sa poésie contemporaine mérite également une attention particulière. Ce beau recueil accessible dans une traduction vivante nous en livre des exemples éloquents et variés, ouvrant la porte à un univers littéraire fertile.