Ce recueil de poésie, publié d’abord en 1995, chez le même éditeur, est maintenant accompagné d’un disque compact qui nous fait entendre la voix du poète et la guitare de René Lussier. Comme dans les œuvres précédentes de Patrice Desbiens, ce sont des moments particuliers du quotidien qui inaugurent la démarche poétique. Celle-ci peut évoque des instants amoureux transposés ou transfigurés dans une dimension « autre », existentielle : « [J]’effleure ta / fleur de peau / j’effleure ta / peur et tu / chantes ». Le poète parcourt ainsi d’un regard à la fois désenchanté et enchanteur ce qui nourrit et affadit notre vie de tous les jours. Sur ce plan, il y a quelque chose de « bukowskien » ou, plutôt, qui serait propre à la « beat generation » chez le poète franco-ontarien : « [M]on corps est / une prison et / dans chaque / cellule / un homme braille en se branlant ».
Voilà une œuvre aussi belle qu’inquiétante, en ce qu’elle pose l’incontournable question du sens de notre être-au-monde et de la signification de l’acte poétique : « [T]out est si / stupidement / symbolique / tout veut dire quelque chose / même ce poème ».