La sociologie de la littérature, qui s’intéresse à la socialité du texte, passionnait déjà les chercheurs en 1962 lors du premier colloque de la revue Recherches sociographiquesorganisé par Fernand Dumont et Jean-Charles Falardeau du Département de sociologie et d’anthropologie de l’Université Laval. Falardeau et Dumont publieront de nombreux essais qui, encore aujourd’hui, sont des piliers de la recherche sociologique et littéraire au Québec. Quarante ans plus tard, les recherches se poursuivent et on en trouve un bel exemple dans l’ouvrage de Roseline Tremblay : L’écrivain imaginaire, Essai sur le roman québécois 1960-1995, publié chez Hurtubise HMH dans la collection « Cahiers du Québec ».
Il s’agit d’une thèse de doctorat (déposée en 1999 à l’Université du Québec à Montréal), qui s’attarde au personnage d’écrivain que l’on retrouve en grand nombre dans le roman québécois. Qui est donc ce personnage d’écrivain, qu’a-t-il à dire et pourquoi en retrouve-t-on autant dans les romans récents ? L’auteure, à l’analyse de plus d’une centaine de romans publiés entre 1960 et 1995, propose, bien au-delà de l’autoreprésentation évidente d’un écrivain « qui se met en scène dans son propre texte », une typologie en cinq temps : le Perdant, l’Aventurier, le Porte-parole, l’Iconoclaste et le Névrosé. Grâce à ces cinq figures, l’essayiste nous fait traverser la littérature québécoise de la deuxième moitié du XXe siècle en plus de nous faire (re)visiter les œuvres des plus connus des auteurs d’ici : Gérard Bessette, Marie-Claire Blais, Jacques Godbout, Hubert Aquin, Réjean Ducharme, Gabrielle Roy, sans oublier Michel Tremblay, Victor-Lévy Beaulieu, etc.
Ce n’est pas sans un profond plaisir, et une certaine fierté, que l’on constate, à la lecture de tels résultats, que la littérature québécoise, malgré son jeune âge, n’a rien à envier aux autres littératures du monde.