Coupable d’un délit, Nathalie est condamnée à purger dans une petite ville provinciale une peine plus insolite encore qu’un séjour en prison : cinq cents heures de travaux communautaires – « de ramassage de merde des vieillards d’une ville de merde » – pendant lesquelles elle devra s’occuper de Mathilde, une vieille dame quelque peu extravagante, aux idées bien arrêtées et aux comportements étranges, qui fréquente assidûment la gare de son village reculé pour y attendre un train dont personne ne descend jamais. Mathy, « la folle de la gare », est généreuse mais coriace à l’égard de ceux qui voudraient percer les mystères de sa mémoire. « Mathilde était sans conteste une personne à part, un phénomène. Elle était donc sujette aux ragots » Mais la folie, ici, n’a rien de destructeur, bien au contraire, serait-on tenté de dire, tant le climat est littéralement à la jubilation. Parce que pour Mathilde, « [l]e bonheur n’est pas à chercher. Le bonheur est à inventer. [ ] La folie n’est pas à proscrire. La folie est à exister ».
Atmosphère, atmosphère ! C’est avec humour et une grande sensibilité que Francine Grenon met en scène des personnages inattendus dans un cadre singulier et distrayant qui lui ont valu le premier prix du concours La Plume saguenéenne en 2003. Un joli roman bourré d’une tendresse et d’une fraîcheur que ne laisse aucunement présager la couverture, peut-être un peu trop lugubre.