Le peintre et sculpteur est plus connu de l’autre côté de l’Atlantique, même si, comme il le dit lui-même à la fin de Stella Sangue Spirito, pour l’Europe son art et lui font maintenant partie d’une autre ère, d’un autre monde. « C’est que, à un homme paléochrétien, antique, magique, […] succède maintenant, pour la première fois, sans transition ni enchaînement, un autre être. […] Un individu et une société qui ne se reconnaissent plus dans la culture ni dans l’art, désormais non nécessaires et dont ils pensent pouvoir se passer. » L’artiste répondait à un article paru en 1945 sur la responsabilité des nouvelles technologies dans la mort de la sculpture. Il semble que cette vision pour le moins lucide ne l’empêcha pas d’explorer le « sens égaré » de l’art au cours des années qui suivirent. En attestent les notes de travail et extraits de cahiers qui composent son ouvrage publié initialement en 1995. On y fait d’abord la rencontre d’un artiste dont non seulement la vocation s’est déclarée très tôt, mais la façon, les matériaux dont il se servirait plus tard : la terre, la poussière, l’ombre. L’art ne serait jamais que ce qui est perdu, que ce qui s’écoule, que ce qui est caché. Une exposition de Claudio Parmiggiani représentait par exemple la poussière et les espaces blancs sur les murs dépouillés d’une ancienne exposition. Une sculpture nommée Nord Est Sud Ouest était dispersée dans quatre musées pour démontrer qu’une œuvre ne peut jamais vraiment être possédée, même par l’esprit, qu’elle est toujours le rêve de quelqu’un d’autre. Une autre œuvre se présente comme une boule de terre ; à l’intérieur, insaisissable, comme une graine peut-être, son secret. Paradoxe que ce petit livre puisqu’il va à contresens du silence qui qualifie l’art de Claudio Parmiggiani. L’artiste dit préférer les images aux sons parce qu’elles sont plus silencieuses. Que l’art, aujourd’hui, est fait pour être caché à la collectivité, qu’il doit puiser sa légitimité dans le sentiment de différence et de solitude. Mais nous ne lui en tiendrons pas rigueur. Car ses propos inspirent.
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