Le titre définit clairement le cadre de la réflexion : il y a mystère, en effet, si la foi en un seul Dieu débouche sur trois religions. Au mystère s’ajoute l’étonnement, peut-être même le scandale si, au fil des siècles, les religions professant le même monothéisme portent chacune sur les autres des regards de suspicion, sinon de mépris. À n’en pas douter, c’est à une ouverture d’esprit qu’entend inviter ce petit livre.
Mission accomplie ? Je ne sais. D’une part, il fallait que soient expliquées sans concession les thèses des trois credos. Ce n’est pas en dissimulant les différences qu’on les résorbe. D’autre part, ce qui semble contredire cette première nécessité, pareil échange n’a de sens que si chacun consent à réévaluer ses intransigeances. Si chacun se drape dans ses inébranlables certitudes, il n’y a pas carrefour, mais ghettos parallèles.
Dès le chapitre sur le judaïsme rédigé par Shmuel Trigano, l’espoir d’un rapprochement prend du plomb dans l’aile. Certes, l’idée de « séparation » arrondit ses angles, mais une part du gâteau est réservée au peuple élu quand se définit la position d’égalité de « tous les autres hommes par rapport à Dieu ». Le théologien Gregory Baum, par contre, confessera sans ambages les abus de l’Église de Rome : antisémitisme, prosélytisme agressant, complicité avec les peuples conquérants, etc. La mise à plat, digne et douloureuse, adopte le ton du regret et de la main tendue. Racontant l’islam, Salam Stétié reconnaîtra lui aussi que la relation fut plus cordiale avec Rome qu’avec les juifs. Il s’efforcera d’aplanir les différences entre le Coran et la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il ne liquidera pas tous les malentendus, mais prouvera au moins que le dénominateur commun l’emporte nettement sur les divergences. Travail lent, prudent, un peu frustrant, mais indispensable.