Le secteur de l’aide internationale est un monde en soi. Développé essentiellement depuis la Seconde Guerre mondiale, il fait vivre, et souvent bien, nombre de boîtes internationales, d’organisations non gouvernementales, de consultants privés, sans compter les acteurs des organisations qui fournissent cette aide (Banque mondiale et al.) et les agences nationales des pays riches.
Malheureusement, constate David Sogge, dans une étude fouillée, les millions versés en aide dans de multiples pays en voie de développement n’ont nullement amené les résultats escomptés, sinon qu’en de rares occasions. Un des exemples les plus frappants est l’aide donnée en vue de la transformation des pays est-européens vers une économie fonctionnelle, à la suite de l’écroulement de l’URSS. Au lieu de mettre en place des économies capitalistes s’appuyant sur une gouvernance saine et efficace, on a plutôt appliqué un « léninisme de marché » qui a littéralement détruit ces économies, favorisant par le fait même la création d’une nouvelle caste de riches, dont l’extrême aisance contraste avec la paupérisation de la majorité.
Le livre est essentiellement une tentative pour détruire le mythe voulant que l’aide des pays riches aux pays pauvres soit « porteuse de développement » et qu’elle contribue réellement à réduire la pauvreté mondiale. L’auteur, consultant dans le domaine, y voit un « désir de prendre » des pays riches, alimenté par des motivations géostratégiques et commerciales, soit pour avoir ou maintenir un accès aux dirigeants, soit pour développer ou protéger des créneaux de commerce et d’investissement.
Tout en dénonçant, David Sogge se fait fort de proposer des pistes d’amélioration. Il préconise les projets conçus et dirigés « dès le début par des acteurs indigènes », la preuve étant faite qu’ils ont ainsi plus de chances de réussir. Un autre enjeu concerne ce qu’il nomme les « lacunes démocratiques » des organisations internationales. Ayant en effet atteint leur maturité, les organisations internationales ont besoin de se dépoussiérer, de se questionner sur leurs succès, mais aussi sur leurs nombreux échecs, de rendre des comptes, bref d’ouvrir la porte à une réflexion globale visant à mieux arrimer les intentions déclarées d’aide à l’émancipation des pays pauvres avec les résultats sur le terrain.