Au sortir des indépendances nationales durement acquises durant les décennies 1950 et 1960, l’ambiance qui régnait dans la communauté internationale en était une d’optimisme face au développement des pays dits du tiers-monde. L’expression « pays en voie de développement » s’est alors imposée pour mieux qualifier ce nouveau groupe d’États, qui devaient atteindre, tout au plus en une ou deux générations, l’aisance matérielle des nations occidentales. En ce début du XXIe siècle, force est de constater, insiste l’auteur, un diplomate péruvien, que ces pays ne se développeront jamais comme prévu, pire, plusieurs s’enfoncent dans une plus grande misère qu’autrefois. Le supposé progrès vers le développement est en fait devenu un non-développement, un déclin progressif confinant ces pays dans la non-viabilité économique permanente, créant ainsi ce que l’auteur nomme des ECI, des entités chaotiques ingouvernables : explosion urbaine, prédominance du secteur informel, exclusion sociale, frustration grandissante canalisée par un vif désir d’émigration des jeunes. Les avantages reconnus à ces entités il y a 30 ans, soit une main-d’œuvre peu chère et des matières premières, n’en sont plus. La révolution technologique se passe maintenant de ces facteurs autrefois garants du décollage économique. De plus, « l’idée que l’on pouvait reproduire le modèle européen d’État-nation s’est révélée non seulement fausse mais aussi dangereuse pour la stabilité mondiale et régionale ». De toute manière, remarque l’auteur, la mondialisation du mode de vie occidental entraînerait de graves problèmes, la biosphère étant incapable de soutenir à plus grande échelle une consommation semblable à celle des pays riches. Comment s’en sortir ? Le diplomate préconise un changement de concept : du développement national à la survie nationale. Il s’agit de concentrer les efforts non pas à reproduire vainement le modèle occidental mais à satisfaire les besoins de base de toute population humaine : disponibilité des aliments, de l’eau, de l’énergie, croissance démographique contenue, et création d’une richesse minimale pour financer ces priorités.
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