Peter Sellers, deux fois président de l’association des Crime Writers of Canada, réunissait en 1999 les nouvelles des auteurs canadiens anglophones lauréats du Prix Arthur-Ellis, du surnom du bourreau canadien Arthur B. English, sous le titre Arthur Ellis Awards, An Anthology of Prize-Winning Crime & Mystery Fiction. Les éditions Alire viennent de les publier en français sous le titre Treize nouvelles policières, noires et mystérieuses. Cette compilation ne déroge pas à la norme voulant qu’habituellement toute anthologie présente des textes d’inégale valeur, aux yeux avides du lecteur insatiable tout au moins. Les cuvées 1988, 1996 du Prix Arthur-Ellis – qui célébrera son vingtième anniversaire l’an prochain – méritent toutefois d’être lues sans modération. Eric Wright (dont Alire va bientôt publier un roman traduit en français, La nuit de toutes les chances), quatre fois lauréat du prix, est, avec son cynisme coutumier, « À la recherche d’un homme honnête ». Mary Jane Maffini nous entraîne dans le sillage d’une femme moribonde et revancharde qui orchestre sa vengeance dans « L’armure de coton » tandis que Jas R. Petrin nous fait rencontrer une vieille dame impotente que personne n’écoute plus, confrontée à « L’assassin dans la maison », une histoire qui donne littéralement froid dans le dos : « Seule Mamie l’avait vu, alors que Gwen et Will étaient partis faire les courses, et qu’il la croyait endormie : à genoux comme un moine, penché sur son congélateur ouvert, en train de parler au givre en sanglotant… »
L’intérêt littéraire de ce florilège est indéniable, en dépit de la présence de quelques anglicismes aussi saugrenus que surprenants, comme « quartet » pour « quatuor », « sole » pour « semelle » ou encore « résumé » pour « curriculum vitæ ». Il n’empêche : saluons l’initiative des éditions Alire, qui permet au lecteur francophone de se familiariser avec des auteurs canadiens anglophones.