« J’avais encore besoin de la regarder, tout simplement, et elle en était déjà à nous construire des souvenirs. » Marc, marié depuis dix ans à Hélène dont il a eu deux fillettes, est toujours éperdument amoureux de sa femme. Marc est écrivain et Marc se questionne sur le pourquoi et le comment d’un bonheur conjugal si intact. Alors Marc se souvient d’un cahier dont Hélène noircissait les pages au commencement de leur amour, dans une chambre d’hôtel de Turin.
Mais on oublie peu à peu le cahier de Turin. Imperceptiblement, la plume de Lionel Duroy nous met dans le sillage du bonheur simple d’une famille unie, des enchantements naïfs d’un amour aussi intact qu’au premier jour, des actes simples de la vie quotidienne dont la banalité émeut précisément parce qu’ils sont devenus banals et spontanés. Une félicité simple et tendre saisie sur le vif, comme une photographie, un abrégé instantané de bien-être familial et amoureux marqué au sceau d’une candide sensitivité : des crêpes du goûter proposées aux fillettes à la virée familiale en province.
Le style est sans fioritures, l’intrigue ne cache ni réflexion égocentrique, ni analyse psychologique sur les affres du métier d’écrivain, ni questionnement libidineux sur l’usure de la vie en couple : Le cahier de Turin est un roman d’intimité, aux antipodes des narrations pseudo-autobiographiques qui animent les discussions et les polémiques du Tout-Paris littéraire des dernières années. Et c’est heureux.