Contrairement à ce que plusieurs croient, ce ne sont pas les nazis qui ont inventé l’insigne jaune, dont le port était obligatoire pour les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce n’est pas non plus Hitler qui a créé les premiers ghettos juifs. Plus d’un siècle avant le début de la Deuxième Guerre mondiale, le Vatican imposait déjà de telles règles aux Juifs d’Italie. Sermons obligatoires, humiliations publiques, enlèvements et baptêmes forcés : ce sont quelques-unes des pratiques, pour le moins troublantes, que l’on découvre en lisant l’ouvrage de David Kertzer, Le Vatican contre les Juifs.
Historien américain spécialiste de l’Italie, David Kertzer a plongé dans les archives du Vatican, ouvertes au public en 1998 par Jean-Paul II, pour nous offrir un ouvrage fascinant, riche de citations et d’extraits de documents inédits. Dans son Vatican contre les Juifs, l’auteur nous explique les règles édictées par l’Église dans l’Italie du XIXe siècle, et nous montre comment elles cherchaient à réduire, voire à stopper le contact entre les populations juive et catholique. Grâce à de nombreux exemples éloquents, le lecteur découvrira le sort que l’on réservait aux Juifs, qui non seulement étaient traités comme des citoyens de second ordre, mais qui étaient également accusés d’être des meurtriers, des corrupteurs et des serviteurs du diable.
À l’heure où le cinéaste Costa-Gavras, avec son Amen, pointe du doigt le Pape Pie XII et sa non-intervention lors du génocide juif, David Kertzer nous ouvre les yeux sur un pan de l’histoire souvent ignoré, qui aura vraisemblablement préparé le terrain aux horreurs innommables que le XXe siècle a connues. Une lecture troublante, mais incontournable.