Vingt ans après la disparition de la petite Fiona alors âgée de sept ans, les membres de la famille Airie n’ont toujours pas surmonté leur douleur. Les parents, fous de chagrin et de remords, se sont séparés et Pilot, le fils cadet, a sombré dans la folie. Seul Eric, l’aîné, semble s’en sortir plutôt bien. Pilot fait une nouvelle crise de schizophrénie, et sa tendance paranoïaque semble ne faire aucun doute : la preuve, il accuse Eric, brillant neurochirurgien respectable et respecté, d’avoir assassiné leur petite sœur. Katharine, la psychothérapeute de Pilot, l’écoute et s’efforce de le comprendre. Malgré sa liaison avec Eric, elle s’attachera à la moindre parcelle de vérité et, avec l’aide éclairée de Pilot, finira par démêler l’écheveau douloureux et angoissant des secrets de famille.
Les écorchés est le premier roman de Peter Moore Smith, qui a publié quelques nouvelles très remarquées. Le style – soutenu par une excellente traduction – est puissant, subtil, prenant. L’auteur a pris le parti de confier la narration à la première personne à Pilot ; si on peut au départ ressentir de l’agacement face à ce qui semble être une invraisemblance – Pilot relate des événements dont il n’est pas témoin, jusque dans les moindres détails –, on finit par se laisser prendre au jeu de ce pari risqué justifié par une caractéristique psychique du narrateur. Il en résulte un récit intense et poignant qui échappe presque aux lois du genre policier, même s’il est publié dans la collection « Thriller » de Grasset.