Voici la seconde partie, elle-même en deux tomes, de cette trilogie évoluant, paraît-il, vers une pentalogie intitulée « Les gestionnaires de l’Apocalypse ». Compliqué ? Vous n’avez encore rien vu ! Engagez-vous dans la lecture des histoires de Jean-Jacques Pelletier, pleines de circonvolutions et de chausse-trappes, et vous verrez qu’une histoire peut en cacher une autre, et une trilogie (en quatre volumes) peut très bien se transformer en pentalogie ! Voici un auteur qui sait trouver (et aller chercher) son public. Malgré le fait qu’il soient édités aux éditions Alire, la maison spécialisée en polar, science-fiction, fantastique, etc., genres peu prisés par la critique « sérieuse », les romans de Jean-Jacques Pelletier sont toujours salués avec enthousiasme par les commentateurs. Et pourquoi ? C’est que la démarche de l’auteur se situe bien au delà du suspense conventionnel.
L’entreprise de Jean-Jacques Pelletier vise à montrer la dépossession des humains de leur humanité, il illustre l’idée qui veut que l’homme soit un loup pour l’homme. Le premier tome portait sur les violences faites au corps, sur la réification du corps humain, l’utilisation du corps comme instrument de domination. On débutait avec ce qui touche l’humain au plus près. Le second tome porte sur l’argent comme outil de domination et d’exercice du pouvoir. On retrouve les personnages de l’univers Jean-Jacques Pelletier : Hurt, l’agent secret aux multiples personnalités, les Jones, motards zens, Chamane, le jeune hacker, et F, la directrice de l’Institut : véritable organisation mondiale dédiée à la lutte contre la fédération mondiale des forces criminelles sous le chapeau du Consortium. Il ne faut pas croire pour autant que Jean-Jacques Pelletier développe dans ses romans une vision manichéenne du monde. Son entreprise est beaucoup plus complexe et profonde.
Jean-Jacques Pelletier situe ici-même au Québec un univers en voie de mondialisation. Dans ce roman, la Caisse de dépôt et de placement du Québec est au centre d’un vaste complot de blanchiment d’argent. Le récit est à toutes fins pratiques un dictionnaire de la fraude financière et la trilogie dans son ensemble, une encyclopédie de la manipulation des individus.
Un seul volume aurait cependant suffit à une intrigue qui aurait gagnée à être resserrée. Les vues encyclopédiques s’accordent peu avec l’entreprise romanesque. Reste que c’est tout de même un phénomène au Québec, une œuvre si foisonnante et abondante. Malgré les longueurs de ce dernier récit, j’attends avec impatience la suite de l’apocalypse. Je me suis laissé dire que Jean-Jacques Pelletier mijotait, au delà de la présente série, d’autres projets tout aussi excitants, d’autres commentaires sous forme de roman philosophique sur le monde de notre temps. Si vous connaissez Jean-Jacques Pelletier, sautez sur son dernier rejeton et si vous ne le connaissez pas déjà, découvrez depuis le début cet ambitieux et fascinant univers.