À l’occasion des funérailles de Romain, un ami de longue date, Jean amorce un retour dans le passé. Le cortège qui défile devant lui en ce matin de printemps a tôt fait de le ramener dans une autre époque : celle des îles grecques, à la maison de Meg Ephtimiou, à Patmos plus précisément, où il fera des rencontres décisives alors qu’il est encore étudiant. « Tout cela formait des réseaux innombrables qui renvoyaient sans fin à des amours, à des affaires, à des plaisirs, à des voyages dont, si proche de Romain, j’ignorais presque tout. » Ces rencontres engendreront des amitiés, dont celle avec Romain, l’ami si cher à tous, et feront naître des passions : Meg et sa fille, Marina, prendront en effet une place toute particulière dans la vie et dans le cœur de Jean.
Dans son dernier roman, Jean d’Ormesson nous raconte une multitude d’histoires, celles de plusieurs des personnes qui déposent des roses ce matin-là au cimetière sur le cercueil de Romain. Des filiations inattendues nous emmènent dans les plaines d’Ukraine, dans un petit hôtel italien et sur la côte sud de la Turquie. Non moins inattendues ces rencontres avec, entre autres, le valet de chambre de Hitler, un professeur de physique, un historien d’art, avec le mafioso Lucky Luciano et avec Churchill.
En écho à celui que l’on enterre, Voyez comme on danse célèbre la vie dans ce qu’elle a de plus précieux : l’instant présent. Romain, ardent défenseur du plaisir et de l’insouciance avait sans contredit séduit tous ceux qu’il avait croisés et qui lui rendaient, en ce matin gris, un dernier hommage. La prose de Jean d’Ormesson, toujours aussi belle et exacte, rend justice à la beauté de la vie, tout comme à sa cruauté lorsque la mort, son revers, nous prend ceux qu’on aime. Deux vers d’Hésiode traduits par Paul Valéry résument en quelque sorte la vie de Romain et, pourquoi pas, la vie tout court : « Ô mon âme ! n’aspire pas à la vie immortelle, mais épuise le champ du possible. »