Méthodique, renseignée, capable de distinguer écoute et complaisance, apte à naviguer sans confondre le fait et le préjugé, Renée Dupuis poursuit avec ce bouquin son irremplaçable travail de décodage de la réalité autochtone. Il serait malaisé et d’ailleurs injuste de rattacher le travail de Renée Dupuis à une seule discipline, tant l’intuition anthropologique va à la rencontre de l’analyse légale, tant l’histoire complète le survol politique et même politicien.
À lire Renée Dupuis, le citoyen mesure l’imprécision et les biais de ses notions, le journaliste entre en lui-même pour entrevoir la superficialité de ses comptes rendus. Burnt Church quitte le monde du mystère et des entêtements inintelligibles et entre dans la banalité des entêtements bureaucratiques. Elijah Harper vote de façon peut-être décevante pour un pourcentage des Québécois, mais respectable et cohérente. La contestation de la Convention de la Baie James démontre désormais, non pas l’inaptitude des Autochtones à respecter la parole donnée, mais la tendance des peuples à ne jamais accepter l’extinction de leurs droits, surtout si le sens donné à ce dénouement exorbitant n’était pas le même pour toutes les parties à la négociation.
Renée Dupuis explique, situe, met en perspective. Elle ne satanise ni ne canonise personne. Quand elle a fini d’expliquer, on se sent plus calme et on voit mieux ce que la recherche et le calme changeraient entre Eux et nous.