Le lendemain de l’Halloween, on trouve une femme morte en bas du Cap d’Enfer. Ainsi que le matin suivant. Est-ce qu’il y a un lien entre ces deux cas ? S’agit-il de suicides ou d’assassinats ? C’est autour de ces questions que Jean Lemieux bâtit la trame de son roman La lune rouge.
En nous livrant des détails qui éclaireront l’histoire des femmes mortes, l’auteur ajoute à la trame du roman policier une étude de mœurs, et c’est justement là, dans la description des habitants de l’île d’Entrée (Îles de la Madeleine), que réside la beauté de ce texte. Au début un peu confus (on se demande si l’auteur devait introduire – ou simplement mentionner – une dizaine de personnages dans les trois premières pages), avec une intrigue quelque peu prévisible (bien qu’on ne connaisse pas tous les motifs, on voit rapidement qui est à l’origine de la mort des femmes), ce roman peut plaire à cause du portrait d’une petite communauté qu’il nous offre, à cause des secrets et des silences qui réunissent les habitants de l’île, de cette atmosphère que l’auteur sent et décrit très bien.
Cet aspect psychosociologique, Lemieux le développe bien plus dans son dernier roman. Plus intime et plus courageux que La lune rouge, La marche du Fou raconte l’histoire d’un jeune homme qui, obéissant à ses instincts, part en voyage, en « quête de rondeur ». La rencontre d’une femme le bouleversera profondément, les paysages orientaux et ensuite européens défileront sous ses yeux mais ce sera à son retour qu’il comprendra que « la rondeur, que j’ai associée au mouvement, est un leurre. Quel que soit le diamètre, un cercle n’est jamais qu’un point. Dans cet espace clos, au lieu de voyager, j’ai tourné en rond comme un cheval de cirque ». Malgré le fait qu’il a « multiplié les déplacements, les déchirures, les expériences [il est] le même Jacques qui trempe son orteil dans la rivière avant de plonger ».
Aussi, il faut peut-être mentionner que le titre de ce roman n’a rien à voir avec les échecs, où le Fou agit à distance, mais… uniquement sur les diagonales.