Parmi mes textes préférés, celui du chien qui ne jappe que les matins où son maître porte des jeans et non le complet-cravate ; toutou y sent le symbole du samedi et des gambades. Ou encore celui, très court, où deux êtres que la guerre a changés acceptent que l’autre revienne différent. Ou celui où le piano dont on veut se débarrasser à tout prix rappelle décidément beaucoup de souvenirs. Ou celui de la femme qui, le mari et les enfants partis, peut s’asseoir, se servir un paisible café et écrire sur le silence. Ou celui…
Qu’on ne s’attende pas à ce que ces textes issus de plumes différentes cultivent la même tonalité, le même humour, le même réalisme. Qu’ils soient, dans une excellente proportion, solidement construits, lourds de fragrances surannées ou de fièvres modernes et urbaines, capables en quelques pages de mener une anecdote à son terme, voilà qui devrait suffire. J’aime, pour ma part, que des gens qui, dans plusieurs cas, ont fait carrière dans l’enseignement et la recherche, dans la création littéraire ou le théâtre, sachent, dès que le loisir leur en est donné, s’adonner encore et toujours à l’écriture. Par plaisir. Par goût du beau. Par souci aussi sans doute de montrer à un public plus large que celui d’une salle de cours et que ce qu’ils enseignaient appartenait à un art de vivre autant et plus qu’à un emploi.
Ce travail collectif manifeste, en outre, d’éloquente façon, qu’une maison d’édition régionale alerte et raffinée trouve toujours à portée de main des plumes qui méritent la lecture autant que les métropolitaines. À suivre.