Elle s’appelle Bet. Elle raconte son histoire. Née à Las Vegas, elle grandit à Détroit. Elle est maintenant gérante d’une « supérette » ouverte 24 heures sur 24 à Traverse City, dans le Michigan. Ses parents sont morts dans un accident d’auto, quand elle avait trois ans. Elle était assise derrière, avec sa poupée. Son oncle, le conducteur, a pris soin d’elle. Mais il a fait trois psychanalyses pour se débarrasser de sa culpabilité (sans succès).
Bet est belle. Belle comme une star de cinéma (nous sommes aux États-Unis, ne l’oublions pas). Elle servira de doublure lors d’un tournage. Puis elle passera à la télé pour témoigner de son expérience de doublure… Une apparition publique qui débouchera sur une crise identitaire explosive.
Il y a beaucoup d’hommes qui rôdent autour de Bet. Trois mariages, autant de divorces. Les hommes lui reprochent son repliement, son insensibilité, sa froideur, sa distance. Seul Teddy l’obsède. Il vit dans la même ville, avec une autre femme et tous deux s’occupent de la fille de Bet, Patience, qui a cinq ans. Elle a vécu sa première année avec sa mère, mais à distance (Bet ne l’a pas allaitée parce qu’elle ne voulait pas s’attacher). La vie est comme une voiture pour Bet. Elle regarde le paysage, mais ne se sent pas concernée par ce qu’elle voit. « Conformément à la règle zen, je vis ma vie sans intention. »
Ce roman de Buten est un portrait intime de l’Amérique des années 1990. L’Amérique vue par une femme lancée dans la vie comme dans un jeu de quilles, qui désespère de vivre avec sa fille (bien qu’elle en soit incapable), qui espère être aimée (mais qui ne peut s’abandonner). À ranger parmi les meilleurs romans cette année.