Tous ceux qui ont aimé Jean-Louis Millette liront avec plaisir la série d’entretiens qu’il accordait à Daniel Pinard peu de temps avant sa mort. Initialement diffusés sur les ondes de Radio-Canada en septembre 1999, puis retransmis à quelques reprises par la suite, ces entretiens constituent dix émissions d’une demi-heure chacune dont les éditions Trois-Pistoles publient la retranscription accompagnée d’une préface de Victor-Lévy Beaulieu et de plusieurs photographies retraçant la vie et le parcours professionnel du comédien.
On a dit de Jean-Louis Millette que c’était quelqu’un de discret, et l’on sent en effet une certaine retenue dans ses propos. Il se livre toutefois suffisamment pour que l’on trace de lui le portrait d’un homme de théâtre passionné, d’un bourreau de travail toujours émerveillé et reconnaissant de la carrière qu’il a menée. Daniel Pinard est d’autant plus apte à poser les bonnes questions qu’il connaît Millette depuis le collège. Avec l’interprète de Paillasson, l’ami de toujours évoque les souvenirs d’enfance, les débuts, les rôles, les amis, le métier, les rencontres marquantes, le tout pimenté de quelques anecdotes. Bien sûr, les deux interlocuteurs passent du coq-à-l’âne ; bien sûr, Pinard coupe parfois la parole à son invité ; bien sûr, il arrive que les réponses soient décousues ; bien sûr, on aimerait souvent en savoir plus. Mais, après tout, ne sommes-nous pas dans le registre de la conversation ? Et n’avons-nous pas soudain la troublante impression, au détour d’une phrase, de réentendre la voix de Millette comme nous l’avons entendue à la radio ?
C’est alors que ce Portrait d’un comédien nous apparaît, malgré ses petits défauts, comme un hommage rendu à un grand interprète disparu trop tôt.