S’il est un livre qu’il faut lire pour comprendre le phénomène de la mondialisation, c’est bien celui-là. Facilement accessible, fort bien documenté et d’une lecture agréable, La globalisation du monde constitue un bon ouvrage de synthèse qui allie une exposition claire des idées à l’organisation d’un vaste matériel. En plus, il y a là une entreprise de démonstration animée par un souci pédagogique constant.
C’est en critique acerbe, doublé d’une ironie mordante, que l’auteur trace le portrait des fondements de la mondialisation, repère ses mécanismes et instruments de déploiement, identifie ses « contremaîtres » ou gestionnaires qu’ils soient économiques ou politiques et résume avec clarté l’idéologie néolibérale qui structure son discours. Jacques B. Gélinas part tout d’abord d’une distinction : la mondialisation a accompagné le développement du capitalisme mais la globalisation revêt aujourd’hui un caractère nouveau, totalitaire, comme la marchandisation de l’ensemble des sphères de notre organisation sociale et privée, et même de l’air que nous respirons ! À travers la figure sociologique de la « bourgeoisie globale » tenant les rennes de ce processus, les nombreux faits et chiffres rassemblés désignent, avec évidence, où se situe la richesse et qui se l’approprie. Sur le plan politique, l’auteur cerne bien l’impuissance, voire la dérive, de l’ONU vis-à-vis du pouvoir incontesté des grandes corporations multinationales et des institutions (FMI/Banque mondiale/OMC) qui se double du suivisme bienveillant des politiques économiques des divers gouvernements. Cela rend d’autant plus urgent, à ses yeux, la nécessité de maîtriser les enjeux sociaux et écologiques du développement globalisé, les traumatismes qu’il génère en regard des ressources disponibles et de l’impasse qu’il projette pour l’avenir de nos sociétés.
Logiquement, c’est à propos de l’alternative, de la solution de rechange à envisager, que se conclut ce tour d’horizon de la globalisation du monde. Ici, la mobilisation de la société civile et ses « échappées à contre-courant » constituent un élément de base dans la définition d’une perspective éminemment démocratique. Sur le plan économique, c’est le contrôle issu du développement d’une « économie sociale solidaire » embrassant en priorité une vision écologique qui doit permettre en fin de compte l’émergence d’une nouvelle orientation, en fonction des besoins et aspirations de la société et non à la merci des diktats du marché mondialisé.