Comme le prévoit cette collection qui en est à son septième titre, voici un double discours, Orient-Occident, sur la beauté cette fois. Zhu Cunming aborde le sujet à la chinoise par la dialectique de la contradiction. Il s’interroge sur une certaine laideur qu’il décèle dans la poterie et les bronzes antiques, ces figures légendaires reproduites en coupe longitudinale dont les deux côtés se reflètent en miroir. Représentations audacieuses de la double nature du monde, ces monstres stylisés sont, nous dit l’auteur, des images de la sagesse pour qui sait découvrir la beauté sous ces masques grimaçants. Le message prend le pas sur les apparences.
La question est plus ambiguë pour nous, occidentaux, qui avons hérité de l’esthétique grecque où la beauté correspond à l’harmonie de la forme. Dominique Fernandez souligne le danger de cette vision extérieure de la beauté et l’indécision où elle nous plonge ; car si la beauté est éternelle, c’est dans le monde de la relativité qu’elle se manifeste et sa notion a considérablement varié selon les époques. Un beau texte sur la perplexité, qui nous fait osciller entre la beauté immobile de Baudelaire et le mythe d’Orphée dont la musique reflète l’aspect insaisissable.