Un retour de voyage, un aéroport, un homme astucieux et… une jolie femme à l’air exténué avec un bambin charmant qui s’interroge sur le pourquoi des guerres, voilà tous les éléments réunis pour tisser une histoire d’amour. Ce qui fera la différence entre un roman à l’eau de rose et un récit tendre et prenant, c’est bien évidemment le talent de l’auteur ; or van Cauwelaert n’a cessé de nous prouver, depuis ses premiers romans et notamment avec Un aller simple, primé en 1994, qu’il en a à revendre ! On s’éprend de Didier van Cauwelaert comme on s’attache à Jean-Paul Dubois et, dans un autre registre, à Christian Bobin et à Sylvie Germain. Ces auteurs, chacun avec ses mots, son ton, s’appliquent à décrire les bonheurs et les malheurs, petits et grands, avec le doigté des raccommodeurs de faïence.
Le génie de van Cauwelaert tient justement à ce qu’il réussit à créer des atmosphères et à décrire les sentiments. Il allie avec brio l’humour à la sensibilité. Toutefois, dans L’éducation d’une fée, l’humour cède la place, le plus souvent, à la gravité du ton et du propos : « Ce n’est pas que je me sois résolu à la perdre, mais une sorte de douceur, d’apaisement dilue le désespoir. Il faut avoir senti en soi la montée du suicide, cette fusion froide, cette boule de courage qui enfle et durcit jusqu’à étouffer l’idée même de lâcheté, pour apprécier le pouvoir incroyable du supplément de vie qu’on s’accorde. » L’éducation d’une fée n’est pas un récit sombre, mais l’on y sourit moins que dans certains de ses romans précédents où les fantômes étaient plutôt loufoques. Le thème de la mort n’est pas éludé pour autant, cependant la façon de le traiter y est plus grave. Didier van Cauwelaert a néanmoins su doser savamment la part du bonheur et celle du malheur et fait ici encore office de fileur d’espérance avec cette histoire de fée à laquelle les grands enfants que nous sommes ne restent pas indifférents.