De deux amours disparus, Sébastien Bastien tente de retrouver les traces. D’abord, il y a les objets laissés par les deux femmes, rouges à lèvres, fards à joues et robes au parfum éventé, qui réveillent la mémoire. Ensuite, il y aura l’écriture du journal qui permettra d’occuper les espaces morts de souvenirs, ceux que l’on se met à réinventer pour exister. Ces amours spectrales hantent les rues chaudes de Montréal que Sébastien, solitaire, arpente. Rien ne semble le distraire véritablement de ce parcours sinueux parsemé de rencontres de hasard, de corps partagés à la dérobée des identités. Pourtant, là où il se refuse, là où le sentiment surprend et déshabille les manies de célibataire, Sébastien parviendra à entrevoir un avenir à travers les fenêtres closes et au-delà des gratte-ciel qui peuplent la ville.
Mémoire et oubli, mort et maladie, fin et recommencement ; toutes ces contradictions que nous offre la vie sont contenues dans ce quatorzième roman de Dominique Blondeau. Éclats de femmes décrit d’une écriture patiente et minutieuse les détails de la vie, les instants éphémères. Tous ces petits événements du quotidien qui font que l’on se souvient qu’on existe. À la lecture de ce roman, on sent surgir les brises d’été qui nous caressent la peau ; on revoit la faune estivale des terrasses du plateau Mont-Royal et ceux qui s’épient d’un œil pas toujours discret ; on aperçoit aussi ces âmes esseulées errer en des flâneries inutiles mais salutaires.
Éclats de femmes, tout en demi-teintes, pousse le lecteur à son insu à travers les impasses de la solitude urbaine, mais insuffle aussi le souffle chaud d’une voix qui a vécu. Une voix qui, malgré les inquiétudes qu’elle soulève à propos de notre errance, rassure.