Composé à la manière d’un recueil de textes, ce volume explore divers horizons : l’avenir de la gauche au Québec, des considérations sur la Révolution tranquille, sur l’intellectuel critique, sur le parcours de Pierre Vallières et j’en passe… Ce livre est, cependant, centré sur la possibilité de l’existence d’une « gauche » pertinente au Québec ou, du moins, sur la création de rapports sociaux émancipateurs en réaction au néolibéralisme ambiant.
L’ouvrage s’ouvre, d’ailleurs, sur la faiblesse d’une gauche québécoise n’ayant, au dire de l’auteur, jamais réussi à s’imposer au plan politique afin de remettre vraiment en cause l’ordre des choses. Selon Pelletier, la « nouvelle gauche » – née dans les années 1950-1960 – a fini par se constituer en une « sous-culture » qui n’a pas eu beaucoup d’impacts sur les problèmes socio-économiques. C’est donc en « Parti » qu’elle pourrait s’ériger et non pas en « mouvements » plus ou moins bien définis. Jacques Pelletier ne renie pas, toutefois, la pertinence de l’« action directe » sur les problèmes sociaux ni de celle des « cercles d’études » ou des revues dont il fait lui-même partie. Et il admettra même s’être « rangé » – dans la quarantaine – tout en demeurant fidèle à ses idées de jeunesse !
C’est l’interprétation actuelle, par certains auteurs, de l’héritage de la Révolution tranquille qui est ensuite abordée. Pourquoi veut-on, à la limite, la liquider ? Ce travail de révision historique prétend s’énoncer de manière « neutre » : il serait, au contraire, tributaire des diktats de l’économie et de l’idéologie néo-libérales. Les « nouveaux intellectuels » seraient aussi pris dans cet engrenage. Où sont donc passés ces grands intellectuels qui désiraient « changer la vie », au lieu de ces pitres qui divaguent dans la société du spectacle ? La « mort » de l’intellectuel serait ainsi liée à celle de la vie démocratique… C’est Pierre Vallières qui représente, pour notre auteur, l’intellectuel le plus particulier du Québec, alliant culture littéraire, philosophie et engagement politique ; et cela, sans aucune formation universitaire. La liberté parcourt l’œuvre et l’action de Vallières, abolissant tous les conformismes. C’est, également, l’esprit libre et critique qui traverse et réunit les différents textes de ce livre décapant de Jacques Pelletier.