« Résister, c’est d’abord refuser. L’urgence réside aujourd’hui dans ce refus qui n’a rien de négatif, qui est un acte indispensable, vital. La priorité des priorités : refuser l’horreur économique, sortir du piège et, à partir de là, aller de l’avant. » Oui, mais comment ? Comment faire échec au système ultralibéral que décrie avec beaucoup de conviction Viviane Forrester ? Ce n’est pas la première fois que cette essayiste, aussi romancière, s’intéresse à la problématique économique qui est chasse gardée des spécialistes. Elle le fait néanmoins avec succès puisqu’elle remporta, en 1996, le Prix Médicis de l’essai pour L’horreur économique, traduit en 24 langues (l’horreur sévit partout…).
Une étrange dictature est le livre d’une insurgée contre cette étrange dictature qu’est la globalisation, l’ultralibéralisme prôné par les patrons, économie oblige. Ainsi ils invoquent l’importance de demeurer compétitif pour supprimer des postes au sein de leur entreprise. Alors que le chômage augmente, le prix des actions de l’entreprise monte en bourse ; celle-ci affiche des profits en fin d’année. Voilà comment l’économie se refait une santé sur le dos de ceux qui travaillent… (ou ne travaillent plus). « Si le chômage n’existait pas, le régime ultralibéral l’inventerait. Il lui est indispensable. C’est lui qui permet à l’économie privée de tenir sous son joug la population planétaire tout en maintenant la ‘cohésion’ sociale, c’est-à-dire la soumission. » Viviane Forrester dénonce le fait que de plus en plus de gens sont contraints d’accepter n’importe quel travail à n’importe quel salaire au nom de la dignité (de travailler). Mais de quelle dignité parlons-nous ? Et que penser du pouvoir que détiennent ainsi les employeurs ? Comment faire échec à cet empire ? Pour Forrester, la solution est peut-être du côté politique. Rien n’est moins sûr… Donc, s’il ne propose aucune solution concrète, son essai a le mérite de confirmer le bien-fondé de la colère qu’on éprouve face à ce système ultralibéral qui tend par tous les moyens à soumettre nos vies à son appétit de profit.