MA GUERRE BUISSONNIÈRE

Le titre est juste, car il met l’accent sur ce qui, au creux d’une vie qui se déploie depuis 1918, fournit au livre l’essentiel de sa substance. De ce qui ne se rattache pas directement à la détention des années 1940 et à son dénouement audacieux, nous saurons peu de choses, juste ce qu’il faut pour confirmer que le bon sens, la clarté et la détermination manifestes au départ imprègnent tout le parcours.

Le parcours d’Ernest Bourgault est, en effet, à la fois unique et exemplaire. Il naît en Saskatchewan de l’improbable rencontre entre une femme de famille bretonne et un homme dont la famille a d’abord quitté Saint-Jean-Port-Joli pour chercher sa subsistance aux États-Unis avant de gagner l’Ouest. L’époque lançait les familles dans de tels méandres. Mais, comme si cela ne suffisait pas, le jeune Ernest rencontre sur sa route un clergé français que les soubresauts anticléricaux de la fin du siècle ont contraint, lui aussi, au déracinement. Il en résultera pour le jeune Ernest une éducation exigeante, l’offre d’études en France et même une vocation temporaire. Tout conspire, dirait-on, pour qu’Ernest Bourgault se retrouve en France au moment de l’invasion. Le reste se goûte mieux quand on le lit comme le raconte l’auteur.

Le récit coule de source, dans une langue précise et mesurée. L’évasion, par une sorte de sérénité qui tient autant à l’écriture qu’au style de l’homme, semble presque normale.

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