Louis Hémon, on le sait, n’est pas que l’auteur de Maria Chapdelaine. Ses œuvres complètes, réparties en trois volumes totalisant plus de 2 300 pages, ont été publiées par Aurélien Boivin de 1990 à 1995. Du deuxième de ces trois tomes, celui-ci extrait aujourd’hui les Récits sportifs, qui avaient fait l’objet d’une première édition en 1982. Ces 53 textes ont pour la plupart été rédigés à Londres et publiés dans des périodiques français entre 1904 et 1913 ; une dizaine d’entre eux, dont quatre ont paru dans La Presse de Montréal, furent composés au Québec, où l’auteur était arrivé en octobre 1911.
Comme le souligne à bon droit Aurélien Boivin dans sa présentation, c’est une véritable philosophie du sport qui se dégage de ces écrits. Lui-même adepte de la marche, de la course à pied, de l’aviron et de la boxe, Louis Hémon croyait aux innombrables vertus de l’athlétisme et de la culture physique : développement harmonieux du corps, endurance, souplesse, dépassement de soi, hygiène corporelle et mentale… Il nous en distille le détail à travers des réflexions sur telle ou telle discipline sportive, des commentaires sur tel fait d’actualité, ou encore à travers des récits fictifs derrière lesquels se cachent volontiers des expériences personnelles. Ailleurs le moralisme sourd du texte lorsque le chroniqueur dénonce en douce les athlètes qui ne pensent qu’aux honneurs, les snobs qui méprisent les sports sans les connaître, les paresseux qui préfèrent l’automobile à l’exercice…
Avec une plume le plus souvent honnête et sur un ton où percent parfois l’ironie et l’humour, Hémon est toujours attentif aux êtres humains mis en cause et sait pénétrer leur psyché. On en oublie dès lors les coquilles qui apparaissent ici et là et dont le texte de 1982 était exempt. En revanche, l’édition de 1999 est abondamment annotée et Boivin y présente une bibliographie dont la troisième section, celle des « ouvrages généraux de référence », est pertinemment élaborée.