Carnet de mémoire d’un espion est un roman d’espionnage assez singulier qui, à vrai dire, ne ressemble à aucun autre bouquin du genre qu’il m’ait été donné de lire. Il s’agit, en fait, d’une parodie des romans d’espionnage. Le protagoniste, Karl Isambart, est un agent français à la retraite qui raconte quelques-unes des missions qu’il a accomplies au cours de sa carrière. Du Chili à la Serbie, en passant par l’Allemagne de l’Est et par la France, cet homme plutôt naïf, réservé et cultivé, se remémore des aventures curieuses, insolites, parfois carrément burlesques se déroulant dans un parfum de chocolat et de poésie. Ainsi, un espion-joueur d’échecs sera éliminé à cause de sa participation à un réseau qui a transmis à une puissance étrangère les renseignements hautement stratégiques que sont… le moral et l’humeur des ouvriers français à la sortie des usines.
Malgré les causes quelque peu futiles défendues par son héros, l’auteur ne manque pas de soulever l’intérêt par les rebondissements et les situations inattendues qu’il fait découvrir à ses lecteurs dans une langue bien personnelle : « Elle se tenait à ma gauche. Sa présence, conjuguée aux soupçons de fraîcheur qui tombaient des arbres de septembre, me donnait du frisson dans l’encolure, au beau milieu de ce pastel avec toute la palette des verts et l’arc-en-ciel des fleurs en pointillé. »
Le dernier chapitre, qui devait raconter une mission en Serbie après l’éclatement de la Yougoslavie, se termine en queue de poisson, donnant l’impression de n’être finalement qu’une publicité pour un roman publié par un autre auteur.