Leïla Sebbar, qui avait raconté précédemment la relation cruelle et amoureuse de l’Algérie et de la France ( La jeune fille au balcon, Seuil, 1996), élargit son propos pour parcourir, cette fois, divers théâtres guerriers. L’Algérie, violente et déchirée, pleure toujours ses morts, mais Sarajevo, la Tchétchénie, la Palestine, la Somalie alourdissent à leur tour la description. Chaque fois, la guerre saccage l’amour et l’amitié. Chaque fois, l’homme ose haïr, torturer, éventrer. Chaque fois, les mères pleurent. Chaque fois, ceux qui ont connu l’horreur au cours de leur jeunesse multiplient stérilement les mises en garde. La guerre, toujours, renaît de ses cendres. Leïla Sebbar a beau jeu de conclure : « Si on habille un homme en soldat, il devient un soldat. »
L’écriture, haletante comme un irrépressible sanglot, traduit admirablement les douleurs répandues par la guerre. Elle assouplit ce qu’une ponctuation trop contrôlée aurait exigé, elle noue par le lien invisible de l’émotion tel et tel membres de phrase apparemment sans suite. L’ensemble constitue une émouvante dénonciation de la guerre et de tout ce que l’uniforme fait surgir aux quatre coins du monde. Leïla Sebbar n’a que faire des alignements idéologiques. Elle émeut.