On croit lire un roman et l’on se retrouve en compagnie de l’auteur, au sein de sa famille, en Argentine, après quarante ans de silence et de séparation. Écrivain réputé, académicien, il inspire maintenant le respect et ses frères et sœurs doivent se définir par rapport à lui. À l’occasion de ce retour, se dessine le récit de toute une vie, les épisodes s’enchaînant selon les circonstances du voyage. C’est aussi pour l’écrivain l’occasion de rechercher le souvenir d’anciens compagnons dont il a parfois oublié le nom, comme ce séminariste dont la disparition l’obsède et dont il apprend qu’il s’est finalement perdu dans l’intime effacement qu’il recherchait. C’est l’envers du personnage de l’auteur, qui se raconte avec complaisance, à la fois artisan et spectateur de sa propre vie.
À la recherche de ses racines familiales, Hector Bianciotti se rend à Cumiana, village du nord de l’Italie, lieu de naissance de son père, avant de retrouver, à Genève, sur son lit de mort, son ami, le grand écrivain Jorge Luis Borges.
Il faut souligner ici la richesse et la précision colorée de l’écriture d’Hector Bianciotti et noter que la fin du livre apporte une note de sérénité dans ce déploiement d’une vie active, comme si l’auteur ressentait déjà la nostalgie d’avoir vécu… « comme la trace de l’oiseau dans l’air ».