Gabriel, qu’un premier tome a révélé dans sa beauté dévastatrice, conclut ses diverses offensives contre la famille Amyot. Désinvolte et génial, cruel et souriant, il séduit, marque, s’éloigne. Sa marque, cependant, est mortelle : qui lui a cédé, même un fugitif instant, subit aussitôt la déchéance sidatique. La dégénérescence, brutale et ostensible, ruine le malade dans l’opinion avant de l’engloutir dans la mort. Et le beau Gabriel, qui propage la mort comme s’il ne faisait qu’accomplir une mission, glisse déjà vers d’autres âmes.
Quelle beauté vise Gilbert Choquette ? Laquelle est hypnotique et mortelle ? Toute réponse serait réductrice. Le sida, mal du temps, provoque chez ses victimes encore plus de rage que de douleur : la mort, gtbelle à son heure, se trompe de génération. On la savait implacable, on la découvre en sus injuste et ironique. La levée des interdits sexuels aussi envahit notre décor. Le docteur Amyot, vivante incarnation de toutes les orthodoxies bien pensantes, vibre à l’approche de Gabriel, comme si, depuis toujours, dormait en lui l’attrait pour la relation interdite. Libération tardive ? Beauté du gouffre entrevu ? Qui sait ?
L’écriture de Gilbert Choquette, arabesques et volutes comprises, achève de rendre le récit bellement troublant.