Ce livre savant ne porte pas directement sur les chansons et la vie de la chanteuse populaire née à Charlemagne, en banlieue de Montréal, mais propose plutôt une étude minutieuse du phénomène Céline Dion, tout comme on a étudié la Beatlemania il y a 35 ans. La carrière exceptionnelle de la plus célèbre de nos chanteuses a amené l’auteur à scruter deux aspects du personnage public : ce que représente Céline Dion, à travers ses déclarations et les grandes étapes de sa carrière, et, en contrepartie, ce que le public (admirateurs et journalistes) d’ici et d’ailleurs perçoivent et voient en elle. Comme Céline Dion mène plusieurs carrières de front, en français au Québec et en France, en anglais pour les marchés internationaux, elle est devenue une vedette internationale qui véhicule à l’étranger — qu’on le veuille ou non — une certaine image du Québec. Les imitations dont notre vedette fait l’objet aux États-Unis dans certaines émissions humoristiques en sont une preuve.
Frédéric Demers puise dans l’Histoire les éléments qui ont façonné notre identité, et démontre à quel point Céline Dion réussit à y correspondre, tout en étant par ailleurs « mondialisée ». Le dernier chapitre de l’essai, consacré à ceux qui détestent Céline Dion, est tout aussi intéressant, car il devient révélateur de ce qu’une partie des Québécois rejette dans l’image que projette l’étoile de la chanson.
L’étude de Frédéric Demers est stimulante et originale. On peut évidemment ne pas être d’accord avec tous les jugements qu’il porte et les opinions parfois tranchées qu’il exprime. Que l’on admire ou non Céline Dion, on pourra apprécier l’argumentation développée et mieux connaître la méga-vedette. L’essai mériterait d’être traduit en plusieurs langues ; les admirateurs de Céline Dion pourraient ainsi découvrir à travers lui un peu des problèmes de fond qui habitent les Québécois (et une proportion importante de Canadiens).