Il n’est jamais facile de tracer, en quelques pages, les contours historiques, politiques, économiques et culturels d’un pays, et encore moins d’Israël, tellement celui-ci attise la vindicte d’une grande partie de la population mondiale.
Le Montréalais Elias Levy accomplit ce tour de force. En 120 pages très bien ramassées, ce journaliste primé réussit à faire un tour d’horizon complet d’une terre trois fois millénaire, mais dont l’histoire récente est probablement celle qui a fait couler le plus d’encre depuis les dernières décennies.
Depuis sa création en 1948 en effet, Israël, qui rassemble 40 % de la population juive mondiale, est associé à un conflit inextricable qui nous fait gravement oublier que, derrière ses efforts obligés de guerres, ce pays dispose de tous les attributs d’un État moderne, dont les réalisations sociales, économiques, artistiques, impressionnantes, restent méconnues.
Ces réalisations sont ici exposées dans toutes les sphères d’activité, permettant ainsi à tout voyageur ou au lecteur intéressé de se munir des informations de base sur ce pays unique. Informations qui d’ailleurs souvent surprennent : qui sait, par exemple, que l’on peut skier en Israël ?
Le lecteur retiendra de cette lecture dense le miracle qu’est la renaissance de l’hébreu moderne, point d’ancrage d’une population très multiculturelle, représentant plus de cent origines différentes. Une langue qui est le « ciment identitaire de la société israélienne », dit l’auteur, mais qui fait aussi place à l’arabe comme langue nationale, parlée par une communauté arabophone disposant de plein droit de la nationalité israélienne, et dont « la situation socioéconomique est bien meilleure que celle des autres populations arabes du Moyen-Orient ».
Israël se distingue aussi par son dynamisme entrepreneurial, notamment dans les technologies de l’avenir (nanotechnologies, biotechnologies). Un élan soutenu par une bouillonnante démocratie, parfois vécue comme un handicap : le système électoral en Israël permet en effet la représentation des courants minoritaires, notamment religieux, qui contribuent à alimenter une fracture profonde de la société israélienne, entre citoyens libéraux et tenants des valeurs juives traditionnelles.
L’épilogue d’Elias Levy démontre sa profonde connaissance du sujet : il y résume les défis d’Israël, État aspirant à une « normalité » qui lui est singulièrement refusée par des voisins souvent belliqueux et dont les révolutions arabes ont fait émerger un intégrisme islamique peu en sympathie avec l’État hébreu. Ce n’est donc pas à court terme, tant s’en faut, que le souhait profond des citoyens israéliens de retrouver une vie normale se réalisera.