Malgré des progrès notables dans certains pays, comme le Ghana, le Sénégal, la Zambie, la démocratie n’a pas encore vraiment pris racine en Afrique, soutient le journaliste français Vincent Hugeux. « La tenue le jour dit d’un scrutin programmé attesterait-elle une avancée irréversible ? Certainement pas. Le rendez-vous de l’isoloir – quand isoloir il y a – doit être l’aboutissement d’un processus d’apprentissage du pluralisme, non son prélude », avance l’auteur avec justesse.
Or, malheureusement, le continent africain est encore aux prises avec de fortes dérives dynastiques (Gabon, Guinée équatoriale), c’est-à-dire avec des présidents à vie, cédant le pouvoir à leur fils, à coups de tripotage des lois fondamentales nationales. Tout cela devant des Occidentaux qui ferment les yeux, car au moins, juge-t-on dans les chancelleries, les « formes » de la démocratie sont respectées.
Un des freins à l’expansion de la vie démocratique en Afrique est que la politique est encore vécue comme un tremplin pour accéder à la richesse matérielle. Celui qui « gagne » les élections ne laisse rien à ses adversaires. Une pratique malsaine, qui alimente les conflits, y compris ethniques, tribaux.
Bref, malgré quelques miracles, l’Afrique est encore loin du compte en termes de pluralisme et d’ouverture démocratique. Pour y arriver, elle a besoin de dirigeants plus modernes et d’une société civile plus aguerrie.